Accompagnement des familles ayant un enfant avec des problèmes liés à la santé mentale : l’apport des modèles hybrides utilisés lors de l’intervention de groupe

Penelopia Iancu, Université de Moncton, Moncton, NB (Canada)
Isabel Lanteigne, Université de Moncton, Moncton, NB (Canada)

Nous présentons ici des résultats d’une étude qualitative visant à comprendre l’expérience des parents avec les services reçus pour leur enfant ayant des problèmes de santé mentale. Lors de cette recherche, des entretiens semi-directifs ont été effectués avec des parents quant à la trajectoire d’accompagnement au sein du système de soins au Nouveau-Brunswick (Canada). Ces résultats invitent à réfléchir sur les groupes hybrides pouvant favoriser la solidarité entre les familles, les intervenants et les communautés.

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Selon l’Institut canadien pour l’information en santé (ICIS, 2022), le nombre d’hospitalisations pour les enfants et les jeunes s’élève à 36 708 en 2020. À cet effet, 1 hospitalisation sur 4 chez les enfants et les jeunes de 5 à 24 ans était en raison d’un trouble de santé mentale. De surcroit, une proportion plus grande de ces hospitalisations a été rapportée chez les filles (58%) et chez les jeunes provenant des quartiers défavorisés (27%) (ICIS, 2022). Les enfants et les jeunes vivant avec un problème de santé mentale ont besoin de services spécialisés pour faciliter leur rétablissement et la famille joue un rôle primordial en ce sens, d’autant plus que les parents sont parmi les premiers à observer des signes qui signalent la possibilité d’un trouble de santé mentale (Gouvernement du Canada, 2017; Ofonedu et al., 2017). Les parents représentent une source importante d’information pour les professionnels de la santé, un soutien pour les enfants et ils jouent un rôle important pour la prévention des hospitalisations et des rechutes de leur enfant (Simpson et al., 2018). Étant donné que les parents sont des partenaires essentiels lors de l’intervention pour les jeunes qui vivent avec des problèmes de santé mentale (Bantman, 2013; Poirier & Vallée-Ouimet, 2015), il semble donc indispensable de les intégrer dans la planification des soins et des services compte tenu de la pertinence de leur expérience parentale (Bonin et al., 2014, p. 164).Dans le cadre de cette communication, nous présentons certains des résultats d’une étude visant à comprendre l’expérience des parents avec les services reçus pour leur enfant ayant des problèmes de santé mentale et les besoins en matière d’accompagnement. Ainsi, nous explorons comment le rôle que le travail social de groupe, plus particulièrement des formes hybrides de groupe, peut comporter une contribution importante. Les groupes hybrides décrivent des réalités de pratique complexes combinant à la fois différents types de groupe (ex. de traitement et de tâche) et l’intervention familiale dans un contexte de collaboration (Lanteigne & Iancu, 2020, p.10). Ainsi, l’intervention de groupe permet de rassembler les membres de la famille afin de leur fournir un meilleur accompagnement, ainsi que de combattre des injustices épistémiques, notamment reconnaître leur savoir (Bogaert, 2021; Fricker, 2007; Hill Collins, 2017), d’améliorer l’accès aux services en santé mentale et d’offrir des services répondant mieux à leurs besoins linguistiques et culturels (Gouvernement du N.-B, 2021).Cette recherche qualitative exploratoire s’inspire d’un paradigme interprétatif-compréhensif afin de répondre aux objectifs de notre étude (Anadón, 2006; Charmillot & Dayer, 2007). Lors de cette étude néobrunswickoise, des entretiens semi-directifs ont été effectués avec des parents quant à la trajectoire d’accompagnement de leurs enfants aux prises avec des difficultés liées à la santé mentale (N= 30, dont 10 complétées) dans 6 régions de la province (Nouveau-Brunswick, Canada). L’analyse thématique a été employée pour le traitement des données (Paillé & Mucchielli, 2016).  Ces résultats nous invitent à réfléchir sur les pratiques de groupe hybride pouvant favoriser la solidarité entre les familles, les intervenants et les communautés.

References:

  • Anadón, M. (2006). La recherche dite «qualitative»: de la dynamique de son évolution aux acquis indéniables et aux questionnements présents. Recherches qualitatives26(1), 5‑31.
  • Bantman, P. (2013). The partner family of psychosocial rehabilitation. News of working with the family. L’Information Psychiatrique89(5), 379‑383.
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  • Hill Collins, P. (2017). Intersectionality and Epistemic Injustice. Dans I. J. Kidd, J. Medina et G. Polhaus (dir.), The Routledge Handbook of Epistemic Injustice (pp.115-124). Routledge.
  • Lanteigne, I., & Iancu, P. (2020). La collaboration interprofessionnelle au carrefour du travail social de groupe et de l’intervention familiale : regard sur les services intégrés au Nouveau-Brunswick. Groupwork, 29(1), 24-45.
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  • Paillé, P., & Mucchielli, A. (2016). L’analyse qualitative en sciences humaines et sociales (4e éd.). Armand Colin.
  • Poirier, N., & Vallée-Ouimet, J. (2015). Le parcours des parents et des enfants présentant un TSA. Santé mentale au Québec40(1), 203‑226.
  • Simpson, D., Suarez, L., Cox, L., & Connolly, S. (2018). The Role of Coping Strategies in Understanding the Relationship Between Parental Support and Psychological Outcomes in Anxious Youth. Child and Adolescent Social Work Journal35(4), 407‑421.


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